In memoriam

Lorsque Ralph, le berger allemand de ma grand-mère n’a plus pu se lever, à cause de la dysplasie des hanches qui le rongeait depuis quelques années, elle a appelé le vétérinaire pour abréger les souffrances de son fidèle compagnon. Quand il est arrivé, ma grand-mère a tenu avec affection la patte de son chien, alors que le vétérinaire lui injectait un produit pour dormir.
Lorsque le chien fut endormi, on lui a injecté un autre produit, qui l’a fait mourir. Ce chien est mort entouré d’amour : doucement et « humainement ».

Et voici qu’une femme se trouve dans d’intenses souffrances, morales autant que physiques, et que très peu est fait pour la soulager (faute de savoir-faire).

Et voici qu’elle réclame le minimum létal, si j’ose m’exprimer ainsi : le droit de mourir avec la même « humanité » qu’un chien.

Et voici qu’on lui refuse ce droit ! A la rigueur, on veut bien l’endormir, et la laisser dépérir (ce qui s’appelle non assistance à personne en danger, en droit français, au passage) jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Je suis d’accord sur le fait que l’euthanasie soulève beaucoup de problèmes : religieux, sociaux et juridiques.

Je suis d’accord sur le fait que, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, sauf quand (et c’était le cas) la science se révèle incapable de produire un traitement (ou une cure) efficace et supportable.

Mais je ne suis pas d’accord sur le principe que, parce que le sujet est gênant, il faut faire l’autruche et se laver les mains du réel puits de souffrances d’une personne, en remettant le débat à plus tard.

Ce n’est pas une loi, qui est demandée, je crois ; c’est juste une décision qui doit être prise, avec la personne concernée (et non par son entourage), au cas par cas, et uniquement pour des cas où tout le reste échoue. Et cette décision doit aller dans le sens de ce qui est bon : le bon sens.

Quand on a le choix entre la mort et la mort, autant la recevoir avec humanité !

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