Intrusion et perte de libertés

 L’éthique est la science qui traite des principes régulateurs de l’action et de la morale.

Par extension, l’éthique numérique devrait étudier les mêmes principes régulateurs.

Or, aujourd’hui, pour un œil averti, l’éthique semble avoir perdu son initiale et son « h » pour ne plus être qu’une vulgaire tique, qui se colle à chacun de nous et s’en nourrit, extrayant le plus d’informations possibles, sans aucune vergogne et avec des limites si peu bornées qu’on ne sait pas vraiment si ces limites existent.

Nos données se vendent sans que nous n’en percevions quoi que ce soit : adresses mail, numéros de téléphone, nos goûts, nos pensées… en somme : tout ce qui nous définit est bradé à celui qui est d’accord pour payer. Et encore ! Le RGPD est passé par là et a posé certaines limites, mais qui nous garantit qu’elles sont bien respectées ?

Et que deviennent ces données ? Selon une formule que nombreux d’entre nous ignorent, elles sont recoupées dans le but avoué de nous procurer « des articles qui seraient susceptibles de nous plaire », en fonction des sites et articles que nous avons regardés, posant à chaque fois un cookie qui sert de balise et sert également un but inavoué cette fois, de mouchard, qui retransmet à chaque visite l’intégralité de ce dont étaient composées nos visites précédentes, sur un site donné.

Les Etats s’y sont mis aussi, qui à surveiller le contenu de nos mails, de nos conversations téléphoniques, ou même notre simple balade en ville, à l’aide de différents moyens qui de plus en plus, s’immiscent dans notre vie de tous les jours, réduisant de fait notre liberté, puisque nous n’avons pas été consultés pour ces intrusions.

Pour beaucoup d’entre nous, ça n’est pas grave, nous n’aurions rien à cacher. Vraiment ? Pourquoi alors utiliser des mots de passe ou la reconnaissance digitale, la reconnaissance faciale ? Pourquoi mentir ? Bref, nous avons finalement des choses à cacher, même si elles ne sont que vénielles, ou privées, c’est un peu notre jardin secret qui se laisse passivement envahir petit à petit, inéluctablement, et surtout, irrémédiablement.

Là aussi, le but avoué serait d’empêcher certains larcins ou crimes. Pourtant, au vu de la montée de la criminalité, peut-on vraiment dire que ce but est atteint ?

Les Pays-Bas se proposent de tracer tous les paiements supérieurs ou égaux à cent euros. Cent euros… C’est une somme facilement atteignable au quotidien. Chaque personne sera donc scannée plusieurs fois dans l’année, quand bien même elle serait un parfait citoyen. Est-ce bien normal d’en arriver là ?

On entend dire ici ou là que nous ne sommes pas en Chine ou en Corée du Nord. Certes, c’est encore vrai, mais pour combien de temps ? 

Si nous laissons faire, et il semble que nous laissions faire, nous y serons bientôt. Petit à petit, l’Etat se mêle de notre vie personnelle et nous soupçonne d’être voleurs, menteurs, voire terroriste, ou du moins, c’est la raison invoquée pour peser chaque jour davantage sur notre intimité.

Le jour où nous n’en aurons plus, nous serons de pauvres moutons, pieds et poings liés, ne pouvant plus que faire ce qu’on nous dit de faire, sous peine d’être exclus de la communauté.

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